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Le regard de Claude Samuel
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Le regard de Claude Samuel
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2 mars 2010

Verdi : un coup de jeune

C’est un Orchestre National en grande forme, qui a officié dans la fosse du Théâtre des Champs-Elysées pour la (courte) série de représentations de Falstaff qui vient de s’achever, mais dont France Musique assurera la retransmission le samedi 17 avril. On a coutume de dire que Falstaff n’est pas l’opéra de cœur des verdiens ; trop léger, trop subtil, trop inventif sans doute – en un mot : insaisissable. Pour les sceptico-verdiens, dont je suis, quel régal ! Une sorte de comédie musicale puissance mille, avec une écriture symphonique virevoltante, un livret qui, pour une fois, ne trahit pas trop l’esprit de Shakespeare, et une jeunesse bondissante - réconfortant en notre période de jeunisme : Verdi était dans sa quatre-vingtième année lorsque Falstaff fut créé à la Scala de Milan.

Donc l’Orchestre National, sous la direction de Daniele Gatti, son nouveau directeur, fut parfait, tant dans la souplesse et le raffinement que dans la conduite très fermement assurée du discours musical ; et Dieu sait si la partition de Falstaff ne fait pas de cadeau au chef d’orchestre. Au tableau d’honneur également, quatre « commères » belles, bonnes comédiennes, excellentes chanteuses, un quatuor dominé par l’Alice Ford  d’Anna Caterina Antonacci, rouée comme il faut… Et Falstaff ? Rôle qui fit certaines réputations, celle du gallois Geraint Evans par exemple, entendu à Paris il y a une bonne quarantaine d’années et dont je garde toujours le souvenir. Anthony Michaels-Moore, en tête de la distribution du Théâtre des Champs-Elysées, est un chanteur de bonne tenue, ce qui est un peu insuffisant dans ce rôle-titre. On attend plus de rondeur, plus de truculence, plus de sotte insolence, tout ce qui est dans le texte de Shakespeare et du librettiste Arrigo Boito... Avec Anthony Michaels-Moore, on en vient presque à regretter le cruel traitement que ces dames lui font subir. Service minimum pour le metteur en scène Mario Martone, qui n’évite pas l’air de la main-sur-le cœur du jeune Fenton, l’amoureux de la gracieuse Nanetta, elle joliment touchante. 

D’autres jeunes
Douze, ils sont douze, ces jeunes chanteurs et chanteuses parvenus au terme de leurs études à l’Atelier Lyrique de l’Opéra de Paris, prêts à conquérir le cœur – ardent et exigeant – des amateurs de beau chant. Et voilà les douze, affrontant le jugement du Tout-Paris sur la scène de l’Opéra Garnier. On aurait le trac à moins, et la jeune Julie Mathevet, qui ouvre le bal avec l’air de la Reine de Chemakah (Le Coq d’or de Rimsky-Korsakov) a beaucoup de mérite… Du talent aussi, comme l’ensemble de ces jeunes artistes qui se sont produits vendredi dernier dans une série d’airs d’opéras, des Pêcheurs de perles à la Fille du Régiment avec un détour conséquent du côté des Russes. Pour ma part, j’ai retenu la Pauline (Aude Extrémo) de la Dame de Pique, le formidable Don Quichotte d’Alexandre Duhamel qui fit vraiment trembler les murs de la maison, le Lenski (Stanislas de Barbeyrac) d’Eugène Onéguine. Que du classique, me direz-vous. Je me dois d’ajouter qu’en 2008, Christian Schirm, le directeur de l’Atelier Lyrique, accepta à ma demande de faire participer les chanteurs de l’année à l’exécution intégrale des œuvres vocales d’Olivier Messiaen au Théâtre de l’Athénée. Et ce fut magnifique !

2009_2010
© Mirco Magliocca/Opéra National de Paris

Et des seniors peu aventureux…
Il est bien connu que le Sénat est une chambre de réflexion. Les seniors de la politique ne prennent jamais une décision à la légère, ils y pensent longuement, consultent, interrogent leurs électeurs et apportent au problème posé la solution la plus originale. Donc, les sénateurs se sont penchés sur la réorganisation des instituts français à l’étranger, ces instituts dont j’annonçais, dans mon dernier blog, la nouvelle dénomination hugolienne. Finalement, les sénateurs ayant pesé le pour et le contre ont récusé Victor Hugo, et dans leur grande sagesse et leur immense imagination ont choisi (contre l’avis du ministre) une appellation profondément originale : l’«Institut français», et Hugo aux oubliettes ! Les sénateurs ont également décidé la création d’un «conseil d’orientation stratégique» afin d’associer le ministère de la Culture à cette spectaculaire évolution. Quelques postes à pourvoir, en somme. L’histoire ne dit pas si le budget de misère de l’action culturelle française à l’étranger aura davantage de grain à  moudre…

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