Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Le regard de Claude Samuel

Publicité
Newsletter
Le regard de Claude Samuel
Archives
21 mai 2010

Nouvelle adresse pour le blog...

Si vous avez perdu la trace de mon blog, je vous signale que je suis désormais hébergé par Qobuz, cliquez !...

Publicité
Publicité
3 mai 2010

Et le centenaire de Lénine ?

Sur le front des compétitions musicales, la nouvelle fait l’effet d’une bombe : à partir de sa prochaine édition, qui se déroulera à Moscou du 2 juin au 14 juillet 2011, le Concours Tchaïkowski obéira aux règles les plus exigeantes de la transparence et de l’honnêteté. C’est Valery Gergiev, directeur du Théâtre Mariinsky, chef principal de l’Orchestre Symphonique de Londres et président de la manifestation moscovite qui l’a promis. Il y aura du chemin à parcourir, des mauvaises habitudes à perdre pour une compétition qui, plus que d’autres, a toujours excité la fibre nationaliste. On se souvient de l’émotion, suscitée en pleine guerre froide par le premier prix décerné à l’Américain Van Cliburn, réponse dit-on alors, au récent succès du Spoutnik soviétique. Les Russes furent scandalisés, et les Américains firent défiler le lauréat sur la Cinquième Avenue… En France, les lauréats français des concours internationaux ne défilent jamais sur les Champs-Elysées ; faut-il s’en réjouir au nom de la tolérance, ou le déplorer en réaction jalouse face aux vainqueurs de la coupe du monde de football ?

A propos de ce nationalisme ravageur, dont les plus grands artistes soviétiques ont également fait parfois preuve dans les jurys internationaux, je ne résiste pas au plaisir de vous rappeler la brillante intervention de Rostropovitch, qui avait obtenu que le violoncelle, aux côtés du piano et du violon, devienne une des disciplines du Concours Tchaïkowski. C’était en 1970, quelques mois avant l’ouverture de la manifestation. Mme Fursteva, ministre de la culture, convoqua dans son bureau Emil Guillels, David Oïstrakh et Rostropovitch et leur déclara : « Vous comprenez bien que, cette année, il est hors de question que le lauréat du Concours Tchaïkowsky ne soit pas russe. « Et pourquoi ? demanda innocemment notre ami Slava ; y a-t-il une raison particulière ? » « Comment, répliqua la ministre, avez-vous oublié que nous célébrons cette année le centenaire de la naissance du camarade Lénine ? » Rostropovitch : « En ce cas, pourquoi ne pas repousser le concours d’une année, afin d’en garantir son honnêteté ? » La chronique rapporte que Mme Fursteva le foudroya du regard, qu’Oïstrakh et Guillels eurent quelque mal à dissimuler leurs sourires. C’était le temps où Rostropovitch pensait que tout lui était permis ; l’histoire lui prouvera bientôt le contraire.

 

Trois oranges à l’heure américaine

Les émissions musicales sont trop rares sur les chaînes (publiques et privées) de la télévision pour ne pas marquer d’une pierre blanche la diffusion, lundi dernier, sur Arte du « Journal inachevé de Serge Prokofiev », documentaire, d’origine apparemment britannique, réalisé par Yosif Feyginberg en 2008. Ce Journal fragmentaire, dont Prokofiev interrompit la rédaction lors de son retour définitif en URSS, sert de fil rouge, pour ne pas dire de prétexte, aux péripéties de la relation d’une vie, ballottée, plus que d’autres, par les soubresauts de l’époque, mais dont la composition fut l’obsession permanente - à tel point que, quelques mois avant sa mort et comme pour défier le destin, Prokofiev dicta à sa seconde épouse les prochains titres de son catalogue, de l’opus 132 à l’opus 138, mais les dixième et onzième sonates pour piano ne verront jamais le jour, ni certain concerto pour deux pianos et orchestre à cordes destiné à Richter et à Vedernikov. Sa seconde épouse ? Oui, la poétesse Mira Mendelssohn, librettiste de l’opéra Guerre et Paix, qui était entrée dans la vie du compositeur au cours de l’été 1939 et à laquelle le film de Yosif Feyginberg ne fait nulle allusion. Evitons les sujets qui fâchent, car il aurait également fallu expliquer que Prokofiev se garda bien d’intervenir quand la police d’état expédia dans les geôles de Sibérie la première Madame Prokofiev, cantatrice de médiocre talent, rencontrée jadis à New York, épousée en Bavière, et délaissée en Russie. Prokofiev, dont le charme slave fit des ravages pendant sa période occidentale - et quelques superbes photos qui ponctuent le document d’Arte en témoignent – n’était pas un tendre...

Enfin, contrairement aux propos puisés dans le film précité, L’Amour des trois oranges ne fut pas démoli, au moment de sa création, par les critiques musicaux de Chicago, dont l’Opéra (alors dirigé par Mary Garden) avait passé commande, mais par ceux de New York, en rivalité avec les voisins de l’Illinois. Quant au retour au pays, pour lequel on a déjà donné mille explications (dont la présence de l’ami Stravinsky dont les succès occidentaux perturbaient le sommeil de Sergueï Sergueïévitch), il ne traduit pas, comme il est dit dans le film, le sort misérable que les Américains et les Français auraient réservé à l’un des grands compositeurs de ce temps, mais la nostalgie de la terre natale (plus près de nous, Rostropovitch tint à mourir en terre tsariste) et l’illusion que les maîtres du nouveau régime n’oseraient pas s’attaquer à un génie de la musique. Rostropovitch (voir ci-dessus) aussi l’imagina, jusqu’au jour où…… 

 

Le chant, comme passion

La mort de Jean-Pierre Angrémy, alias Pierre-Jean Rémy. Le premier était diplomate et, par ses fonctions successives, grand voyageur (Hong-Kong, Pékin, Londres, Florence, Rome) ; le second était écrivain, écrivain très prolifique, membre de l’Académie française. L’un et l’autre témoignèrent, chacun à sa façon, d’un formidable appétit à l’égard de la chose musicale. Le premier, dans ses deux derniers postes (directeur de la Ville Médicis à Rome, Président de la Bibliothèque Nationale de France), s’empressa, dès sa nomination, d’organiser des séries de concert. Le second introduisit quelques figures de musiciens dans ses romans, et se pencha plus particulièrement sur la diva des divas, une certaine Maria Callas, sur Berlioz également dont la vie ne peut qu’exciter la verve d’un écrivain. L’opéra était sa terre de prédilection, et il fut, d’ailleurs, en 1981, « chargé d’une étude pour la construction d’un opéra populaire », futur Opéra-Bastille ; il en parlait en expert, connaissant sur le bout du doigt les grandes distributions d’opéra à travers le monde. Son nirvana : Elisabeth Schwarzkopf dans Richard Strauss – il y a plus mauvais choix ! Nous en parlâmes souvent, l’été, dans sa demeure provençale et, toute l’année, pendant les entractes des représentations parisiennes. L’histoire ne dit pas s’il parvint à convaincre la grande famille des écrivains, et ses confrères académiciens, dans un pays où un homme cultivé se flatte davantage de connaître Van Gogh que d’écouter Debussy…

western_union
Dans les archives du MET : le telex par lequel Rudolf Bing annonça à Maria Callas,
en novembre 1958, l’annulation de son contrat…< ;/p>

Consultez la chronique de Claude Samuel dans la revue Diapason d'avril « Ce jour-là : 30 décembre 1921 »

 

 

26 avril 2010

Une petite brise fraîche…

Les coups de revolver de Parade sont passés comme une lettre à la poste. En 1917, en pleine guerre, ils avaient été considérés comme une intolérable provocation, et l’équipe Satie-Picasso-Cocteau, responsable de ce spectacle historique des Ballets Russes, comme un ramassis de mauvais patriotes. Parade, à l’affiche, mercredi dernier, de l’Orchestre de Paris, est, sinon une œuvre-culte, du moins un ouvrage sulfureux qui - l’a-t-on oublié ? - connut des suites judiciaires, puisque, après un échange d’insultes avec un critique hargneux, Erik Satie fut condamné à huit jours de prison et mille francs de dommages-intérêts. Une intervention de la Princesse de Polignac évita la prison, et elle paya l’amende… Réécouté aujourd’hui, Parade, point de départ du « sur-réalisme » selon Apollinaire, est un objet musical assez anodin, témoignage d’un certain modernisme français de l’époque, qui inspirera bientôt deux ou trois membres du Groupe des Six. Cela dit, associé aux deux Gymnopédies orchestrées par Debussy et au Jack in the box paré de couleurs instrumentales grâce à Darius Milhaud, c’est une petite brise fraîche qui a soufflé, le temps d’une demi-soirée, sur une Salle Pleyel, plus généralement ballottée entre Mahler, Bruckner et autres Sibélius. Et puis, autre agrément de ce programme inhabituel, la Burlesque pour piano et orchestre, œuvre de jeunesse de Richard Strauss dont le soliste, Bertrand Chamayou, sût joliment exploiter la virtuosité post-lisztienne.

Tout cela, couronné par le Sacre du printemps que les musiciens de l’Orchestre de Paris possèdent naturellement à la pointe de leur archet, était destiné à la baguette de Yutaka Sado qui, victime collatérale du volcan islandais, ne pût venir à Paris. C’est donc Michel Tabachnik, actuel directeur du Brussels Philharmonic, qui sauva la soirée in extremis. Un grand retour, en quelque sorte, pour ce musicien qui, empêtré trop longtemps dans une procédure judiciaire injuste, avait été, encore récemment, l’hôte de la maison-sœur, du côté du Parc de La Villette. Mais Michel Tabachnik à Pleyel, à la tête de l’Orchestre de Paris, est un signe particulièrement très visible de sa présence retrouvée dans le grand ?1270681200" type="text/javascript"> circuit musical international. Et son Sacre du printemps, barbare et incandescent, parfaitement maîtrisé dans sa complexité rythmique, décupla l’ardeur d’un orchestre en superforme.

Fasciné par Kroutchev

Diriger le Sacre n’est certes pas une petite affaire, comme le sait bien Pierre Boulez (retenu également à Paris par les poussières du fichu volcan !), Boulez, un des maîtres de Tabachnik, installé l’autre soir au centre du rang d’honneur. Le Sacre, Stravinsky m’en parla lorsqu’il accepta de me rencontrer pendant une petite heure dans l’appartement 210 de l’Hôtel Windsor, à deux pas de Pleyel. C’était en 1962, l’année de son quatre-vingtième anniversaire, quelques jours après son fameux retour à Moscou où il avait été accueilli (et fasciné) par Nikita Kroutchev. Il m’expliqua qu’Igor Markévitch, coqueluche alors de la bonne société parisienne, était incapable de diriger le Sacre, pas davantage, avait-il ajouté, que les chefs soviétiques. Et il avait conclu par ces mots : « Finalement, les meilleurs chefs sont des compositeurs : Richard Strauss, Pierre Boulez et moi. » Propos authentiques. Souvenir : lorsque je pris congé et, sur le pas de la porte, exprimai ma reconnaissance, j’entendis le vieux maître me dire : « Oui, vous avez de la chance. D’habitude, je fais payer mes interviews ».

J’aurais aimé, chers amis blogueurs, vous livrer une photo de l’événement, mais Stravinsky refusa la présence du photographe de mon journal. Il me dit aussi : « Je déteste les interviewers ; ils déforment tout ce que je dis ». Outre-tombe, j’espère qu’il ne se fâche pas trop…

L’homme de Palestrina

Il y avait bien longtemps que je n’avais pas revu Alain de Chambure, dont je viens d’apprendre avec tristesse la disparition, dans sa soixante-dix-huitième année, dans un petit village de sa chère Franche-Comté. Technicien de la prise de son, il fréquenta souvent les cabines d’enregistrement de Radio France et assuma même, pendant une courte période, la direction de France-Musique ; mais le poste ne lui convenait pas vraiment. Il était davantage musicologue que chef de troupe, et je n’oublierai pas les efforts louables qu’il accomplit plus tard pour me démontrer le génie de Palestrina, dont il coordonna, en 1994, les manifestations organisées à l’occasion du quatrième centenaire de sa mort.

kharadzeUne balade à Sully

Concours Rostropovitch – Trois de nos lauréats se retrouveront en mai au Festival de Sully-sur-Loire : le Hollandais Sietse-Jan Weijenberg (4ème Prix au dernier Concours), le Géorgien Giorgi Kharadze (3ème Prix en 2005, photo ci-contre), l’un et l’autre le dimanche 30 mai. Et, si j’ose dire, un vétéran, le Français Jérôme Pernoo, auquel le jury du Concours 1994 attribua un troisième Prix ; le vendredi 21 mai, il confrontera hardiment Brahms et Astor Piazzolla. Je ne peux que vous conseiller cette petite équipée tourangelle !  

Consultez la chronique de Claude Samuel dans la revue Diapason d'avril « Ce jour-là : 30 mars 1973 ».

 

19 avril 2010

Le Marseillais à la voix rocailleuse


barbizet_livreC’est un bien joli livre (publié aux Editions Jeanne Laffitte) que vient d’écrire Caline, Caline Barbizet, à la gloire du grand amour de sa vie, le pianiste Pierre Barbizet, croisé dans son adolescence, épousé trente-huit ans plus tard, un peu volage parfois car résistant mal au charme de ses jeunes élèves, mais ne lui avait-il pas dit un jour, et j’admire la franchise du souvenir : « Mais voyons, c’est sans importance tout ça, c’est de la pédagogie, je mourrai dans tes bras.» En effet, et ce fut un départ prématuré, quelques semaines après avoir quitté contre son gré la direction du Conservatoire de Marseille qu’il avait sorti de la torpeur, touché par cet « âge de la retraite », qui embarrasse tant, et plus que jamais, notre société. 


barbizetTel était Pierre Barbizet, qui disait les choses sans détour, mais sans malice, de cette voix rocailleuse dont se souviennent tous ceux qui l’ont connu. Le pianiste ne fit pas une carrière fulgurante, mais d’une extrême qualité. Pas de marathon avec les trente-deux sonates de Beethoven ou l’intégrale Chopin, mais des choix judicieux, et si l’avant-garde n’était pas sa tasse de thé, il accepta néanmoins mon invitation à siéger au jury du Concours Olivier Messiaen, à Royan, en mars 1970. Une bonne dizaine d’années auparavant, j’avais découvert son nom en écrivant un livre sur Prokofiev ; il venait d’enregistrer la Neuvième Sonate pour piano, auquel aucun pianiste français ne s’était encore intéressé. Je consulte mon vinyle, il ne porte pas de date et, comme la plupart des disques que Barbizet a signés, il n’a pas été reporté en CD… A l’exception, naturellement, de la somme discographique gravée par le duo Barbizet-Ferras.

Car, l’une des grandes aventures de la vie de Pierre Barbizet, ce fut la collaboration avec Christian Ferras, entreprise au début des années cinquante, interrompue quelque trente ans plus tard, à la mort tragique du violoniste. L’histoire d’une telle équipe est mystérieuse : homme de culture et d’autorité, Barbizet menait la barque ; Ferras, soliste magnifique, se nourrissait de cette sollicitude. Mais comme le rapporte Caline Barbizet, ils n’avaient pas grand chose, sinon l’exécution musicale, à partager, et comme je l’ai constaté moi-même, à l’occasion d’un de leurs concerts pour les J.M.F. que j’avais présenté au Théâtre de Clermont-Ferrand, il s se sont toujours vouvoyés ; une miraculeuse complicité musicale, sans autre écho. Mais l’intégrale des Sonates pour violon et piano de Beethoven (Grand Prix du disque en 1960) doit toujours être sur le marché.

Enfin, Barbizet fut aussi un formidable pédagogue ; né par hasard au Chili, il était marseillais d’adoption, complètement marseillais néanmoins, et ce fut, il faut le dire, une magnifique chance pour Gaston Deferre de pouvoir confier son très modeste Conservatoire à une personnalité aussi dynamique, chaleureuse, compétente qui, traversant de nombreuses bourrasques et rudoyant habilement les politiques, métamorphosa l’établissement. Je rêve à ce que Barbizet, à la même époque, aurait pu insuffler au Conservatoire de Paris. Une âme !


Le terrorisme intellectuel

J’ai souvent croisé Jean-François Kahn, sans doute pas dans une salle de concert - ni à l’Opéra-Comique pour une représentation de Mignon, qui lui donne aujourd’hui l’occasion de prononcer un brillant plaidoyer dans Le Monde daté du 11 avril en faveur de son auteur, Ambroise Thomas.

Ainsi, cher Jean-François, tu considères que « le retour de Mignon (la semaine dernière, Salle Favart) est un signe fort.» Fort, en quel sens ? Parce que ton cher Amboise a osé trafiquer Goethe, avant de torturer Shakespeare ? Parce qu’il fut, en son temps, un compositeur populaire, parce qu’il représente, face à Berlioz, à Wagner et quelques autres, le comble du conservatisme ? 

Je ne veux pas gâcher ton plaisir, mais pourquoi saisir l’occasion d’un panégyrique d’Ambroise Thomas pour fustiger, une nouvelle fois, le «  terrorisme intellectuel » et le « masochisme antinational » du milieu musical français. Tiens, Debussy, que tu ne mentionnes pas, n’est-il pas une réponse  adéquate ? Et puis, tu te crois obligé de citer Boulez, pas « lui-même », dis-tu, Boulez étant aujourd’hui dans le rôle du Commandeur, mais « tous ces censeurs qui l’entourent.» Mais, cher Jean-François, le temps a passé depuis ces lointaines années où, effectivement, la tolérance n’était pas la vertu première de l’avant-garde. 

J’aurais aimé te rencontrer jeudi dernier à la Cité de la Musique, pour la magistrale exécution de Répons dirigée par Susanna Mälkki, à la tête de l’Ensemble Intercontemporain. Si tu étais venu entendre ce pur chef-d’œuvre de Boulez, tu aurais peut-être changé d’avis, et aurais pu me convaincre d’assister à une représentation de Mignon. Pas de sectarisme, certes !


Des vagues coruscantes

Plongé (épisodiquement) dans la lecture de la Correspondance d’André Gide avec Paul Valéry, récemment publiée aux Cahiers de la nrf. Il y est peu question de musique, sinon parfois, de Debussy ou de Beethoven, de Mozart et de Chopin, très rarement.

Le jeune Valéry écrit au jeune Gide en juillet 1891 : « Je suis frénétique : une telle brise de mer souffle que ma chevelure en est mouillée et je hume dans l’air la mer. Si vous saviez comme elle me pénètre et quel amour c’est ! Elle me transporte et me ferait hurler des folies : c’est un triomphe d’indomptable gueuse, trompettée au large par les vents vastes qui bondissent et se roulent et vagabondent sur les vagues ! J’ai le cerveau plein de ces vents et de ces coruscantes vagues qui hennissent ; contre l’écume furieusement jetée, le vaisseau noir s’effare »....

Voilà comment des jeunes gens s’exprimaient, dans l’intimité, il y a cent vingt ans…


Photo de Pierre Barbizet © Michel Laporte
Consultez la chronique de Claude Samuel dans la revue 
Diapason d'a
vril « Ce jour-là : 30 mars 1973 ».

 

12 avril 2010

Une manière de griller la concurrence…

Aurez-vous envie d’entendre les Vêpres d’un confesseur de Mozart le 24 juin 2011 au Théâtre des Champs-Elysées, sinon, quinze jours auparavant, le Christus de Mendelssohn à la Cité de la Musique ? Vous qui adorez les symphonies de Tchaïkowsky, avez-vous bien coché sur votre agenda la date du 15 juin (toujours 2011) pour ne pas rater la Pathétique à Pleyel ? Et que diriez-vous, dans une quinzaine de mois, d’une soirée à l’Opéra-Bastille pour un Otello de Verdi ? Décidez-vous ! Les séries d’abonnement sont en vente, et les brochures de la prochaine saison s’accumulent sur mon bureau… Telle est la vie de la musique aujourd’hui à Paris, et à New York, et à Londres, et à Berlin. Il y a plusieurs décennies, j’avais observé le phénomène à l’étranger, mais on m’avait dit alors : « Impossible à Paris ; chez nous, les gens se décident au dernier moment ; vous ne changerez pas le tempérament français : foncièrement individualiste.» Apparemment, on nous a changés.

Pourtant, je pose la question : est-ce un bien ? Sans doute, répondront les administrateurs des grandes institutions qui sécurisent à l’avance leur trésorerie et anticipent l’état des locations. Oui, diront aussi les amateurs qui ne veulent pas rater un événement exceptionnel (mais combien par an ?). Quant aux artistes, ils ont un jugement plus nuancé, harcelés par des agents qui leur demandent de figer leur vie deux ou trois ans à l’avance, le temps pour les organisateurs, en tout cas, de monter une saison, de préparer la politique d’abon vetica, sans-serif;"> nements, les brochures, etc., le temps aussi de griller la concurrence grâce à une meilleure anticipation …

 

Richter, la semaine prochaine! 

 On parie, parfois, sur l’état vocal de telle chanteuse à lointaine échéance, et on a des surprises, on annonce aussi des créations mondiales d’œuvres dont l’auteur n’a pas encore écrit la moindre note. Je connais des compositeurs qui refusent le couperet du calendrier, et George Benjamin, pour citer un exemple, est l’un d’eux ; je pourrais également évoquer les cas de conscience d’Henri Dutilleux, souvent si malheureux de ne pouvoir tenir les délais arrêtés. Mais ce qui me paraît non moins regrettable, et j’en ai souffert lorsque j’étais en charge des programmes musicaux de Radio France, c’est la quasi-impossibilité d’accepter une proposition miraculeuse au dernier moment – plus de crédit, plus de salles disponibles…

Richter_1979

 La proposition miraculeuse me parvint un jour, précisément à Radio France, grâce à Sviatoslav Richter, dont l’imprévisibilité était légendaire. Connaissant son goût pour les cadres inspirants, je lui avais proposé de l’emmener, à l’occasion d’un passage à Paris, à la « Salle de l’Ancien Conservatoire » (appellation non officielle de la Salle occupée par le Conservatoire d’art dramatique), la seule salle parisienne de concerts encore existante, où a joué Chopin, où Berlioz a créé la Symphonie fantastique et dont, malgré des travaux assez récents, la fabuleuse acoustique a été préservée. Quelques mois plus tard, un des (rares) familiers français de Richter me téléphone. «Richter me charge de vous dire qu’il aimerait jouer à Paris dans la salle dont vous lui avez parlé, et qu’il n’a pas eu le temps de visiter » - « Pas de problème. Quand souhaite-t-il jouer ? » - « La semaine prochaine ! » C’était Richter, il se trouve que le directeur du Conservatoire était l’un de mes amis, et que France Musique pouvait faire passer l’information sur-le-champ. Richter joua devant une salle comble, et enthousiaste, et je pense que ce fut son dernier récital à Paris.

 

Dans les geôles kafkaïennes

C’est l’histoire d’un Voyageur, invité à visiter un bagne dans une île perdue. C’est l’histoire d’un Officier, exécuteur des basses œuvres à l’aide d’une machine infernale mise au point par son ancien commandant. C’est l’histoire d’un Soldat, condamné, après tortures, à subir la peine capitale pour insubordination. Comme toujours chez Kafka, le condamné ignore ce qu’on lui reproche, et la peine qu’il va subir. Bref, cette Colonie pénitentiaire, nouvelle d’une cinquantaine de pages, renvoie à d’autres récits kafkaïens et, naturellement, au Procès. Certains ont cru bon de présenter le Procès, ou la Colonie pénitentiaire, comme le témoignage de Kafka à l’égard des horreurs commises tout au long du dernier siècle au nom de la justice d’Etat ; et dans le programme qui présente le spectacle dont il va être incessamment question, on n’hésite pas à évoquer Guantanamo, la prison russe de la Boutyrka, la geôle thaïlandaise de Bang Kwan, et même l’univers carcéral de la Santé et des Baumettes. C’est aller un peu vite en besogne. Kafka a écrit la Colonie pénitentiaire en 1919, bien avant les atrocités du siècle passé ; la récupération politique de l’auteur du Procès est tentante, sans doute, mais hors de propos. La véritable problématique kafkaïenne est le sentiment de la culpabilité liée à notre condition d’homme, au-delà des avatars d’un temps historique. Oui, l’oeuvre de Kafka était prophétique, et c’est en ce sens qu’elle occupe tant nos consciences, mais si elle ne relevait que du pamphlet, elle n’aurait pas obsédé depuis près d’un siècle toute notre littérature occidentale.

 

Le niveau zéro de l’invention musicale

Kafka et la musique ? Kafka, source d’inspiration et de sujets d’opéra (de pièces, de films…). C’est un grand classique, qui a écarté le plus souvent l’œuvre littéraire de son sens premier. Quant à cette Colonie pénitentiaire, représentée actuellement jusqu’au 17 avril (sous le titre dans la colonie pénitentiaire) à l’Athénée, elle évite miraculeusement les clichés ordinaires. Respectueux du texte original habilement condensé, sobre dans ses effets (travers dans lequel a sombré jadis le fameux Procès d’Orson Welles), le spectacle, créé au Théâtre contemporain de Seattle en août 2000, bénéficie d’une musique de Philip Glass, lequel, depuis des décennies, ressasse les formules du minimalisme répétitif. C’est le niveau zéro de l’invention musicale, mais puis-je dire que ces formules mécaniques constituent, en fait, un contrepoint idéal au texte kafkaïen ? En effet, plus de ces éclats faussement expressifs, plus de ces atmosphères morbides en apparent accord avec la teneur du sujet ! C’est, en somme, une sorte de « musique d’ameublement », comme pouvait la pratiquer Erik Satie – musique insignifiante, au sens premier de ce mot, décor sonore dont l’objectivité ne contredit certes pas les descriptions kafkaïennes où la force du récit se situe dans le décalage entre la banalité des événements rapportés et l’inexplicable extravagance de leurs conséquences.       

Bref, ce spectacle, qui m’a donné l’heureuse occasion de relire le texte de Kafka, est très habilement réalisé sur un petit plateau auquel je ne reprocherai qu’un éclairage un peu hasardeux. Mais le Quintette à cordes de l’Opéra National de Lyon est parfait, les deux chanteurs (Stephen Owen dans le rôle de l’Officier, Michel Henault dans celui du Voyageur) sont excellents, et la mise en scène de Philippe Forget, qui s’appuie sur le livret (anglais, mais surtitré) de Rudolph Wurlitzer, particulièrement habile. Que de bonnes raisons pour aller au Théâtre de l’Athénée qui, grâce à la magnifique programmation de Patrice Martinet, son directeur, est depuis plusieurs années un lieu (de théâtre et de musique) incontournable. Les kafkaïens n’en sortiront pas trop traumatisés. Les autres attaqueront peut-être une lecture souvent déroutante, mais d’une richesse inépuisable. 

 

Consultez la chronique de Claude Samuel dans la revue Diapason d'avril « Ce jour-là : 30 mars 1973 ».

 

Publicité
Publicité
6 avril 2010

Retour à Bayreuth

A propos de Wagner et des histoires explosives de la famille du même nom que j’ai évoquées la semaine dernière, mon ami le compositeur P.M., un grand talent que je connais de longue date mais que j’aurais aimé, disons, plus productif, me met au défi : oserais-je signaler le livre de Gottfried Wagner, L’Héritage Wagner. Oui, sans doute, et pourquoi ne le ferais-je pas ? Dieu sait si je ne suis pas partie prenante dans cette querelle des descendants et que, si l’extase me guette lorsque j’écoute les opéras de l’arrière grand-père, je n’ai pas la moindre complaisance pour l’idéologie que le culte de Bayreuth a fidèlement entretenue. J’ajoute, pour marquer toute mon adhésion à la réflexion de mon ami P.M., que Gottfried Wagner est né en 1947 – à Bayreuth, bien sûr – qu’il est journaliste, musicologue et réalisateur, et qu’il vit en Italie. Quant à son autobiographie (titre allemand : Wer nicht mit dem Wolf heult, Autobiographische eines Wagner-Urenkels), elle a été traduite en français et publiée par les Editions NiL en 1998.


Slava, l’homme du marathon

En 1967, Rostropovitch avait quarante ans, il était génial, passionné, gourmand de toute oeuvre nouvelle, titulaire de quelque Prix Staline en son propre pays et acclamé à chacune de ses visites en Occident ; trente ans avant de prendre en main l’Orchestre de Washington, il était déjà suffisamment célèbre outre-Atlantique pour se payer le luxe d’un marathon à l’usage des mélomanes new-yorkais. Huit concerts à Carnegie Hall entre le 23 février et le 12 mars, et un programme différent chaque soir ! Que des œuvres concertantes en compagnie de l’Orchestre Symphonique de Londres avec Guennadi Rojdestvenski au pupitre, fameux chef d’orchestre russe qui affronta cette course de fond avec d’autant plus de légèreté que l’on connaît son allergie aux répétitions longues et nombreuses.


Miracle : ces concerts ont été enregistrés  - il faut dire que rien n’arrêtait Sol Hurok (1888-1974), irrésistible impresario américain d’origine russe, qui avait organisé l’événement. Et vingt-et-un des trente concertos programmés figurent sur les six CD d’un coffret Doremi (distribué par Abeille Musique). J’imagine que l’éditeur a voulu éviter certains « must » que Rostropovitch – qui refusait tout contrat d’exclusivité – a enregistrés par ailleurs et à diverses reprises. Donc, pas le Dvorak dans cet album, ce Dvorak dont Rostropovitch me dit un jour qu’il était incontournable dans le choix proposé pour la finale du Concours qui porte son nom ; pas de Schumann, non plus, ni de Saint-Saëns, pas de Haydn et pas même la Symphonie concertante de Prokofiev. Donc, vous qui possédez déjà une bonne discothèque Rostropovitch, vous ne risquez guère les doublons. En revanche, vous découvrirez le Concerto d’Honegger et celui d’Hindemith, et la belle Symphonie pour violoncelle et orchestre du grand ami Benjamin Britten. Vous écouterez, à titre de curiosité (et dans une version captée trois ans auparavant), le Concerto op.16 de Khrennikov, ce garde-chiourme super-stalinien auquel Rostropovitch voua une haine aussi légitime que tenace. Ne manquez pas, parmi les raretés, le Concerto de Lukas Fo ss, qui avait été précisément créé à l’occasion de cet événement (et pour lequel Rojdestvenski avait aimablement passé la baguette au compositeur) – une partition d’une superbe couleur et pleine d’invention. Au détour de l’un des six CD, on retrouve tout de même le nom de Prokofiev, avec le Concertino en sol mineur op.132, partition inachevée, vraisemblablement donnée ici (mais ce n’est pas indiqué) dans une version complétée par Rostropovitch.


Enfin, cerise sur le gâteau, l’éditeur n’a pas résisté au plaisir d’un dialogue Rostropovitch-Perlman (qui sera renouvelé plus tard au disque avec le Concertebouw) dans le Double Concerto mp;amp;lt;mce: script type=;">de Brahms. Mais la grande leçon de cet album c’est, à l’époque où certains virtuoses font carrière avec une douzaine d’œuvres, le formidable appétit du grand Slava, qui exécuta en création mondiale 243 partitions, pas que des chefs-d’œuvre était-il le premier à reconnaître, mais qu’il servait toutes avec la même honnêteté, la même ardeur.


Et quand le prochain Concours Rostropovitch à Paris ? Ce devrait être en 2013, et le Maire de Paris en a donné récemment l’assurance à Elena Rostropovitch, au cours d’une visite privée. Vous avez dit Concours ? Avez-vous bien noté que le Concours Martial Solal aura lieu en octobre prochain avec le très opportun soutien de la Fondation BNP-Paribas. Et, toujours à l’enseigne des Concours internationaux de la Ville de Paris, un double projet pour 2011 : le Concours de lutherie et d’archèterie Etienne Vatelot et le Concours de harpe Lily Laskine. Je sais que les flûtistes et les trompettistes attendent le retour du Concours Jean-Pierre Rampal et du Concours Maurice André, en quête de financements… Confidence : personnellement, je n’ai jamais renoncé aux affaires qui marchent…

RO_01

J’ai photographié le maestro (ici, en compagnie d’une amie russe) en 1977, à La Rochelle où, dans le cadre des Rencontres internationales d’art contemporain, il donna plusieurs concerts et présida le jury du premier Concours de violoncelle.

Il donna même une leçon aux élèves du Conservatoire (ci-dessous)…

RO_02


… et joua sous la direction de Luciano Berio avec Putsie, le petit chien adoré, à ses pieds, un phénomène de chien, capable de plaquer quelques accords au piano !

RO_03

Consultez la chronique de Claude Samuel dans la revue Diapason d'avril « Ce jour-là : 30 mars 1973 ».

 

29 mars 2010

Bayreuth, toujours aux mains de la famille…

&l

Son grand-père était mort depuis trente-six ans lorsqu’il naquit à Bayreuth. Wolfgang, fils de Richard, vient, à son tour, de quitter ce monde – à Bayreuth, bi en entendu. Même si la lignée est assurée, c’est un vrai séisme pour la famille Wagner et, par voie de conséquence, pour ce Festival de Bayreuth qui fut toujours lieu de pèlerinage et terre de conflits. Après la dernière guerre et l’épopée néo-hitlérienne dont Cosima Wagner fut l’instigatrice, après la cure de dénazification (la scène du Festspielhaus profanée par des comédies musicales offertes à des militaires américains !), les deux petits-fils du maître furent là, pour recueillir l’héritage : Wieland, l’aîné, et Wolfgang. Deux destins hautement dissemblables. Le premier, metteur en scène novateur et, on peut ajouter, prophétique ; c’est lui qui évacua les accessoires traditionnels pour une Tétralogie historique et plongea la scène du Festspielhaus dans la pénombre. Le second fut d’emblée l’administrateur, et le partage des rôles aurait été parfait si Wolfgang n’avait pas eu, de son côté, des velléités de mise en scène, sans avoir les moyens d’une véritable créativité, et si le plus doué du duo, pas encore quinquagénaire, n’avait succombé à un cancer laissant son cadet régner dans les bureaux et sur la scène de la Colline sacrée pendant quarante-quatre ans. Wolfgang, auto-désigné « directeur à vie », fut le maître absolu, en effet, mais absous cependant, puisqu’il passera dans l’histoire de Bayreuth comme l’homme du coup d’éclat, celui qui, pour célébrer en 1976 le centenaire du théâtre, eut le culot d’inviter une équipe française dont le travail fit trembler le dernier carré des wagnériens intégristes : Pierre Boulez et Patrice Chéreau.


wagnerLa suite est encore à déchiffrer, Wolfgang, après divers revirements, ayant décidé de confier l’avenir de Bayreuth à deux de ses descendants : la jeune Katharina (fille d’un second mariage) et sa demi-sœur Eva, écartant ainsi les éventuels prétendants de la branche Wieland. Pas d’inquiétude néanmoins : si querelle de famille il y a, ce ne sera pas une nouveauté ; certains membres de la famille ont toujours été insupportables, iconoclastes et, finalement, plus ou moins exclus de la légende. Ainsi en fut-il de Friedelind Wagner, sœur de Wieland et de Wolfgang, qu’Hitler aimait à recevoir en tête-à-tête jusqu’au jour où l’adolescente lui dit effrontément : « Mais pourquoi martyrisez-vous les Juifs ? » Grâce à l’aide de Toscanini, elle fila alors au Etats-Unis, et, sa mère, l’horrible Winifred, en fut fort marrie. Ne pas manquer l’autobiographie de cette révoltée, disponible dans une réédition de « Mémoire du Livre ».

Mais de cette écume de l’histoire musicale, finalement, Bayreuth n’en a cure ; le festival reste une affaire florissante, et la race des wagnériens n’est pas prête de s’éteindre. Les Japonais affluent chaque été en Bavière, eux aussi.


Une tempête de neige

Il vous reste encore quelques semaines pour visiter l’exposition Turner au Grand Palais, mais ne la manquez pas. C’est une excellente façon de comprendre pourquoi la modernité est une valeur hors du temps – pourquoi, par exemple, dans le monde de la composition musicale, Varèse est mille fois plus moderne que son contemporain, largement son cadet, Jean Françaix ; et pourquoi la modernité est, avant tout, affaire d’inventivité, de conduite aventureuse et de lucidité. La deuxième leçon de la magnifique exposition du Grand Palais, bien nommée « Turner et ses peintres », est le passage obligé des artistes les plus novateurs par l’étude des modèles, que l’on admire avant de les dépasser. Pour Turner, il s’agit par exemple, du Titien et de Watteau ; pour Schoenberg, de Brahms et de Wagner ; pour Boulez, de Webern et de Claude Debussy. L’art du dépassement, en effet, mais accordé au respect des maîtres. Enfin, troisième leçon, la non-concordance des temps en matière artistique. La musique toujours en retard ou, si l’on préfère, la peinture (et la littérature) toujours annonciatrices. Il s’agit, en quelque sorte, de la pesanteur des sons, qui n’ont rien d’autre à offrir qu’eux-mêmes. Illustration : dans la Tempête de neige, un Turner de 1842, j’entends déjà La Mer de Claude Debussy, de 1905 !

 

Avant-première 

Le Qwartz, marché international des musiques nouvelles, aura lieu vendredi et samedi prochains (2 et 3 avril), dans un « Palais », mais oui, qui fut jadis le rendez-vous quotidien des financiers et, à l’époque, uniquement ouvert aux hommes ( !). Aujourd’hui où la finance est dématérialisée, que faire de ce Palais Brongniart, dont nous devons la construction à ce misogyne de Napoléon ?  Un lieu d’accueil pour salons, séminaires et réceptions. Or, au service de la musique, le Palais Brongniart rassemble depuis plusieurs années les acteurs des technologies de pointe. Le Centre Acanthes qui, dans quelques mois, consacrera une partie de son activité aux techniques informatiques grâce à la présence des équipes de l’Ircam, sera donc un des partenaires de Qwartz à la fin de cette semaine. Quant au programme d’Acanthes 2010, il est naturellement déjà consultable sur le site d'Acanthes

 


Consultez la chronique de Claude Samuel dans la revue Diapason d'avril : "Ce jours-là : 30 mars 1973 ".

 

22 mars 2010

Malgré la loi des petits tirages…

Le palmarès du Prix des Muses, proclamé mardi dernier dans l’auditorium du Musée d’Orsay, témoigne de la vitalité de l’édition des livres consacrés à la musique, et de la diversité des sujets traités. Sans doute, le XXème siècle se taille-t-il la part du lion, d’Erik Satie (biographie de Jean-Pierre Armengaud, chez Fayard) aux Ecrits de György Kurtag et d’Helmut Lachenmann (publiés à Genève par Contrechamps) en passant par un essai particulièrement pénétrant de Sébastien Arfouilloux (Que la nuit tombe sur l’orchestre, également chez Fayard) consacré aux relations ambiguës entre surréalisme et musique ; où il est prouvé qu’André Breton était atteint d’une surdité aigüe et qu’en matière d’excommunication, il battait sur leur terrain les papes les plus intransigeants. Mais c’est aussi Daniel-Lesur (dont le centenaire a été largement éclipsé en 2008 par les célébrations Messiaen) qui est sujet d’étude, et l’épopée du disque classique estampillée Deutsche Grammophon – dernier hommage avant le passage annoncé au virtuel ? Enfin, les premiers temps de la formidable aventure de Diaghilew qui, avant les Ballets Russes, imposa à Paris quelques opéras, non moins russes (Prix du beau livre, bien mérité, aux Editions du Mécène). 

 

Eclectisme : une diva – Pauline Viardot (le récit de Patrick Barbier chez Grasset) ; un maestro – Wilhelm Furtwaengler, (déjà évoqué dans ce blog). Le jazz également : Charles Delaunay, grand-prêtre du jazz moderne à l’époque où l’Amérique se mettait à l’heure du be-bop et, sur un mode plus technique, une analyse pointue d’une méthode d’écriture (travail d’un spécialiste pratiquant, Laurent Cugny, aux Editions Outre-Mesure). Sans oublier Louis XIV (Le prince et la musique, chez nos amis belges de Mardaga).

A consulter, le palmarès complet des Muses 2010. En tête de ce document, le Charles Gounod de Gérard Condé ; normal puisque le jury lui a attribué le Grand Prix. Et c’est toujours chez Fayard, dont les grandes biographies sont décidément des références. Puis-je ajouter à ce sujet que la concurrence n’est pas vraiment acharnée, nos plus célèbres maisons d’édition laissant ce soin à des éditeurs plus modestes qui, malgré le risque encouru et la loi des petits tirages, se dévouent avec talent, sinon avec abnégation à cette belle cause.

Enfin, ce sont aussi les auteurs qu’il convient de saluer, pas les tireurs à la ligne qui bâclent une vie (amoureuse) de Chopin en trois mois ; mais ceux qui, habitués des salles de lecture de la Bibliothèque Nationale, remontent aux sources, les discutent, les complètent par une réflexion personnelle. Dès les premières pages de son Gounod, Gérard Condé mentionne qu’il a passé quinze ans sur son sujet. Son travail fera, sans aucun doute, longtemps autorité.

gounod  arfouilloux    satie

Le retour de Carmen 

Carmen, thème et variations. L’opéra de Bizet, si cher à nos cœurs, bien à l’aise sur la scène de Favart, a connu d’innombrables avatars. Surgit de nos souvenirs la Carmen abrégée/condensée que Peter Brook mit en scène jadis sur la scène des Bouffes-du-Nord et qui révéla notamment le talent d’Hélène Delavault – magnifique ! Une autre, moins heureuse : la fastueuse représentation réglée (et dirigée) par Karajan sur l’immense scène du Festival de Salzburg, avec un flamenco qui submergeait dans sa somptuosité le drame de la belle cigarière…Des films aussi, dont le fameux Carmen Jones, longtemps interdit par les héritiers.

Le dernier en date des Carmen est installé à Paris, dans la grande salle du Théâtre du Rond-Point, jusqu’au 3 avril. Il s’intitule Ô Carmen, Opéra clownesque, et mérite bien son titre. L’idée est amusante, la partie musicale tenue par le pianiste Aurélien Richard est astucieuse, mais la caricature, si tentante, ne brille pas par sa finesse. Le comédien Olivier Martin-Salvan explose en tous sens, incarne tous les personnages et d’autres encore, et en fait des tonnes. Le spectacle dure une heure vingt – vingt minutes de moins auraient constitué une ration raisonnable.

Carmen : incontournable. Lorsque j’ai interrogé Olivier Messiaen sur les opéras qu’il avait analysés devant ses élèves du Conservatoire, il me répondit : Monteverdi, Rameau, tout Mozart, tout Wagner, Boris Godounov, Pelléas et Mélisande, Wozzeck, et il ajouta : « J’ai tout de même voulu faire un opéra de répertoire, j’ai opté pour celui qui me paraissait le plus frappant et le plus réussi : Carmen. »

Enfin, lorsqu’à la faveur d’une crise de l’Opéra de Paris, Jean Vilar fut chargé (en compagnie de Pierre Boulez et de Maurice Béjart) d’imaginer un plan de sauvetage, il fut reçu à l’Elysée et dit au général de Gaulle que le répertoire, dans un premier temps, devrait se passer de Faust et de Carmen (les deux ouvrages qui remplissaient les caisses de la maison), le général, me dit-il, lui répondit, d’un ton un peu désabusé : « Et bien, nous vivrons sans Faust, et sans Carmen ! »  Mais le plan tourna court…

Poujadisme ?

L’Opéra de Paris, de sauvetage en sauvetage. Il est vrai que la vie n’est pas non plus toujours rose à la Scala de Milan et à l’Opéra de Vienne. Pendant des années, les amateurs parisiens se sont insurgés (et ont volontiers sifflé) contre les productions iconoclastes de Gérard Mortier. Sous le règne à peine entamé de Nicolas Joël, certains parlent déjà de « ringardise ». Le nouveau patron relève l’insulte et déclare : « Je refuse le poujadisme de la modernité », formule frappante, sinon vraiment claire, que les rédacteurs du Monde se sont empressés - c’était tentant ! - de placer en (gros) titre de la page 21 de l’édition datée jeudi 18 mars.

Mais quand les directeurs d’opéras comprendront-ils qu’on ne peut pas contenter tout le monde, et très particulièrement dans leur domaine de prédilection ?  

Consultez la chronique de Claude Samuel dans la revue Diapason de mars

15 mars 2010

Boulez : ni regrets, ni nostalgie

Toutes les occasions sont bonnes pour remettre Pierre Boulez sur son piédestal, et Dieu sait s’il n’en a pas besoin, et si la vanité est à mille lieux de son « vécu quotidien », comme l’on dit. Mais il aura quatre-vingt cinq ans à la fin de la semaine prochaine, et la télévision s’est donc fendu à cette occasion d’un nouveau film qui, après avoir été présenté à un public choisi en présence du Ministre de la Culture, au Centre Georges Pompidou, a été projeté sur France 5 (série « Empreintes ») en prime-time vendredi dernier.

Ce n’est certes pas la première fois que la caméra s’intéresse à Boulez, mais ce nouveau film, intitulé « Pierre Boulez, le geste musical » et signé Marie-Christine Gambart, est avant tout un superbe témoignage résumant en moins d’une heure un long parcours de vie. Un homme se penche sur son passé, mais sans nostalgie, et sans regrets non plus. Je me souviens d’une émission publique que j’avais animée sur France Culture où j’avais introduit une séquence destinée à un compositeur sur le thème : «Qu’avez-vous à vous reprocher ? » ; la première émission, où mon invité était Henri Sauguet, fut un vrai fiasco, la deuxième avec Francis Poulenc avait pétillé. Puis j’avais sollicité Boulez, qui m’avait répondu : « Non, je n’ai rien à me reprocher !» Il avait trente-cinq ans. Il n’a pas changé.

Boulez___photo_CS_1967N’a-t-il pas changé ? Pas dans ses convictions profondes, et pas dans ses exigences et sa radicalité. Mais l’âge tempère les ardeurs. Question : on vous dit « sectaire » ? Réponse : je ne suis pas sectaire, je suis radical – nuance. Jadis, il avait eu droit à une énorme interview dans L’Express. Question : on dit que vous êtes un peu sectaire - Réponse : Je ne suis pas un peu sectaire ; je suis tout à fait sectaire. Bon, disons que l’on joue sur les mots. Mais ses grands combats (contre l’académisme, la complaisance, la politique au petit pied), il continue à les assumer ; il a seulement mis, avec l’âge, une sourdine à la véhémence. Et il ne commente pas dans le film de Marie-Christine Gambart, la violente polémique qui l’avait opposé à Michel Schneider (alors directeur de la musique au Ministère de la Culture) à l’époque des lenteurs de la construction de la Cité de la Musique – polémique qui avait été arbitrée par un Pivot embarrassé et très ironique. Il ne commente pas non plus (mais il est vrai qu’on ne lui a pas posé la question) l’évolution « radicale », c’est le moins qu’on puisse dire, de son répertoire de chef. Déjà, quand il avait accepté en 1966 de diriger Parsifal à Bayreuth, certains de ses admirateurs avaient été intrigués. Entre amis, nous disions en riant : « Vous verrez, il finira par diriger Carmen ! » Ce qu’il n’a pas (encore) fait. Mais les symphonies de Mahler ont débarqué. Surprise ! Et Bruckner… Stupéfaction ! L’envie de voir, sans doute, comment cette musique est faite… De toutes façons, comme il le dit dans le film de France 5, la direction d’orchestre n’est, dans sa vie, que « secondaire ». La composition est prioritaire, ce qui, au vu des œuvres qu’il nous a livrées ces dernières années, aurait mérité quelques développements…

Enfin, si, au cours de la projection de ce film, j’ai admiré le magnifique travail de l’archiviste, j’ai été plus qu’exaspéré par un commentaire redondant, laudatif à l’excès, et par l’esthétisme de certaines images. En revanche, j’ai adoré la phrase de Mallarmé que l’octogénaire Boulez fait sienne : « Comment vivre sans inconnu devant soi ? »

la photo (ci-dessus) de Pierre Boulez, je l'ai prise en 1967 dans sa résidence de Baden-Baden


Pas de dérapage
Et l’on retrouve Pierre Boulez le surlendemain à la Cité de la Musique, où il dirige un programme super-copieux, avec des changements de plateau qui, comme l’exige le rituel de la musique contemporaine, durent de longues minutes, malgré le zèle des régisseurs de la maison. Morceau de choix de la soirée : Dérive 2, que Pierre Boulez a composé par étapes successives entre 1988 et 2001. Quarante-cinq minutes d’une musique suprêmement raffinée dont l’écriture virtuose (bravo aux solistes de l’Ensemble Intercontemporain !) exige un chef exceptionnellement précis et réactif ; avec l’auteur au pupitre, pas de crainte de dérapage. Mais quel autre chef relèvera le défi ? Les dernières minutes de l’œuvre, notamment, sont étourdissantes, une vraie course à l’abîme, mais l’abîme évité ! De Pierre Boulez également, magnifiquement interprété avec le concours des BBC Singers, le Cumming ist des Dichter, également un chef-d’œuvre d’équilibre, une grande leçon d’écriture. Quant au titre, Boulez m’expliqua un jour qu’il résulte d’une communication fautive - le compositeur ayant écrit à son éditeur que l’auteur du poème était l’américain Cummings (« Cummings ist der Dichter »), l’éditeur prit ce message pour le choix du titre. Et pourquoi pas, dit Boulez, toujours pragmatique ? On le garde…

Un bicentenaire tout terrain
De Boulez à Chopin, le grand écart. Chopin, dont l’harmonie fut jadis qualifiée par Boulez de « merveilleuse », contrairement à celle de Berlioz, précisa-t-il, « de guingois »… Chopin, donc, dont on célèbre en France avec grand éclat le bicentenaire de la naissance. J’aurai sans doute l’occasion de revenir sur l’événement (artistique, commercial, médiatique, etc.) et sur la négligence de nos concitoyens à l’égard de l’autre bicentenaire de l’année, celui de Robert Schumann ; peut-être me répondra-t-on qu’on ne veut pas marcher sur les plates-bandes de nos amis d’Outre-Rhin. Peut-être, se rattrapera-t-on au cours des neuf prochains mois.

Pour l’instant, c’est Chopin en images qui est en première ligne. Une exposition au Musée de la vie romantique, ce lieu si touchant mais où la circulation n’est pas toujours évidente. De très belles toiles à regarder, au hasard d’une visite peu balisée. Et une autre exposition au Musée de la Cité de la musique où le visiteur est pris en mains (jusqu’au 6 juin prochain) pour un « Chopin à Paris. L’atelier du compositeur ». Des documents passionnants mis en perspective. Et pittoresques parfois, tels ces instruments de torture destinés à faciliter l’extension digitale, et qui privèrent Schumann, déjà cité, d’une carrière de virtuose (le bon côté de la chose, en somme). Exposition à ne manquer sous aucun prétexte. Et à ne pas visiter étourdiment entre deux verres au Café de la Musique. Avant de quitter le lieu, emporter le beau et riche catalogue, élégamment illustré, réalisé par la Bibliothèque Nationale. 

Consultez la chronique de Claude Samuel dans la revue Diapason de mars

8 mars 2010

L’aventurier provençal

A l’époque où tout est fabriqué par des multinationales, où tout s’achète, livres et disques compris, dans les grandes surfaces et par internet, Bernard Coutaz, qui vient de tirer sa révérence à l’âge de quatre-vingt huit ans, était un franc-tireur. Producteur de disques en 1958, et créateur de la marque Harmonia Mundi, il commença par snober Paris, en s’exilant dans un petit village provençal. Ses amis lui prédisaient un avenir radieux (c’était l’âge d’or du microsillon), à condition qu’il rejoigne sans trop tarder la capitale. Et, en effet, il quitta ses Alpes de Haute-Provence, mais simplement pour traverser le Rhône et s’installer avec armes et bagages à proximité de la bonne ville d’Arles. C’est là qu’il résista pendant un demi-siècle au business international.

D’abord, les bons choix : Alfred Deller, qui signa pour Harmonia Mundi quelques enregistrements somptueux puis, surfant sur la vague naissante des baroqueux, le claveciniste Kenneth Gilbert, le contre-ténor René Jacobs, Philippe Herreweghe et sa Chapelle royale et, avant qu’il ne devienne, mais sous un autre label, un héros national, William Christie – récemment membre de l’Institut, bravo Bill ! D’autres choix, non moins périlleux en ce temps-là : Boulez, Berio et quelques autres représentants de l’avant-garde européenne, toujours bien choisis.

Les années passèrent, le marché du disque s’essouffla, mais Bernard Coutaz, au lieu de rechercher, comme d’autres, la « major » compagnie susceptible de signer un gros chèque avant de l’engloutir, prit d’autres risques. Il mit sur pied un réseau international de distribution, et c’est grâce à cette nouvelle force de frappe, qu’il m’aida notamment à sauver la collection Ocora (musiques traditionnelles) de Radio France. Mieux encore : il ressuscita le commerce de proximité en ouvrant des boutiques, là où la Fnac n’avait pas asséché le marché. Des boutiques réservées à sa propre production et aux produits qu’il distribuait – hors best-sellers reconnus. « Oui, me dit-il un jour, chez moi, on ne peut pas acheter les Symphonies de Beethoven ! » On ne trouva pas non plus les enregistrements des trois ténors mais, réponse ironique à cette juteuse promotion, le « disque des trois contre-ténors ». Il disait aussi : « Chaque chose a son prix » et, tout en bataillant ferme contre la TVA à 19,6%, il refusait de casser les prix ; quand nous organisâmes à France Musique des « Concerts dans la rue » gratuits à l’occasion du Festival d’Aix-en-Provence, il fut très fâché. Vaste problème , en effet…

Enfin, à propos de l’étonnante réussite de Bernard Coutaz, je ne peux m’empêcher de penser à ses voisins d’Actes Sud – réussite, là aussi, d’un homme hors normes, Hubert Nyssen, grand éditeur et formidable mélomane, comme j’eus l’occasion de le constater lorsqu’à ma demande il accepta d’animer sur France Musique une émission hebdomadaire. La parole était judicieuse, chaleureuse, élégante. Les auditeurs plébiscitèrent. Décidément, l’air de la Provence inspire !

lemarquisUn cerveau musicien
Le titre intrigue : Sérénade pour un cerveau musicien (Ed. Odile Jacob) Quant à son auteur, Pierre Lemarquis, il est neurologue, neurologue-mélomane . Il nous apprend que tout est inscrit dans notre anatomie cérébrale et, par exemple, que les lobes temporaux étudiés sur les os du crâne supposé de Jean-Sébastien Bach étaient particulièrement volumineux. Il nous donne les raisons scientifiques de ce fait  souvent constaté : la fréquence des non-voyants parmi les accordeurs de piano. Il nous parle également de l’« oreille absolue » des bébés, et s’étend longuement sur le mystère des chants d’oiseaux. J’imagine, dans un autre monde, un curieux dialogue entre Pierre Lemarquis et Olivier Messiaen... Bref, un ouvrage qui donne sa pleine mesure à l’expression « la bosse de la musique ».

Le livre de Pierre Lemarquis aurait tout de même mérité une meilleure relecture. A propos  d’un « trou de mémoire » dont aurait été victime le jeune Karajan en dirigeant Wagner devant Hitler, on lit que la famille a puni le maestro, lequel dut attendre 1951 pour diriger à Bayreuth. Il ne fut pas le seul puisque le Festspielhaus, fermé après la guerre, ne fut précisément ré-ouvert qu’en 1951 !

La Sérénade pour un cerveau musicien est l’un des quelque quatre-vingts livres consacrés à la musique que le jury du Prix des Muses 2010 a retenus et doit départager... aujourd’hui même. Les résultats seront rendus publics le mardi 16 mars à midi, dans l’auditorium du Musée d’Orsay, proclamation à laquelle vous êtes cordialement invités.   

0002Un naufrage
Savez-vous que la Marine Nationale possède trois formations musicales ? Le Bagad de Lann-Bihoué, la Musique des Equipages de la flotte de Toulon, prochainement rebaptisée « Grande Musique nationale de la Marine », et la Musique des Equipages de la Flotte de Brest appelée à sombrer avec ses soixante-dix musiciens en 2013. La crise, la crise… (confidence : mon grand-père était le tambour-major de son régiment, comme l’atteste des photos que je conserve précieusement, et très fier de l’être. Il disait : « Dans les défilés, je marche en tête»… ).

Consultez la chronique de Claude Samuel dans la revue Diapason de mars

Publicité
Publicité
1 2 > >>
Publicité