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Le regard de Claude Samuel
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Le regard de Claude Samuel
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22 février 2010

Hector, Victor, Olivier, Darius, et les autres…

Victor Hugo est-il incontournable ? Sans doute, puisque, sans discussion, au moment de baptiser les centres culturels français à l’étranger, c’est le nom de l’auteur des Misérables qui s’est imposé. Aussi évident que l’Instituto Cervantès pour l’Espagne, et le Goethe-Institut pour l’Allemagne. Il y a une vingtaine d’années, lorsqu’à Radio France j’avais dû gérer fugitivement le dossier des « radios satellites », que la technologie a rapidement envoyées aux oubliettes, j’avais imaginé sous forme de boutade deux noms facilement mémorisables afin de définir les deux programmes : « Hector » et « Victor » … L’existence de Victor (déjà lui !) fut brévissime ; quant à Hector, il a surtout laissé aux mélomanes le souvenir des jours de grève : musique classique pour tout le monde, et sans commentaires. A notre grand regret, tout le monde ne s’en plaignit pas. Apparemment, ce programme existe toujours ; à propos, comment se nomme-t-il ?

Personnellement, je milite pour les titres, naturellement réducteurs, mais qui traduisent bien une intention. Ainsi, toujours à Radio France, j’avais essayé de tirer d’une sorte d’anonymat la salle de concerts, qui répondait au titre banal de « Grand Auditorium », anciennement « Studio 104 ». A l’époque, j’avais, en effet, engagé certains artistes prestigieux/prétentieux, qui m’avaient lancé : « Je ne vais tout de même pas me produire dans un « studio de radio ». Pour moi, c’est le Théâtre des Champs-Elysées ou rien… ». Or, Olivier Messiaen venait de mourir et, bousculant un peu ma hiérarchie, je décidai donc (après réponse positive d’Yvonne Loriod) que le nom de l’auteur de la Turangalîla-Symphonie ferait bonne figure dans la géographie musicale parisienne. J’étais un peu présomptueux, et même si mon exemple fut suivi (on baptisa très vite deux studios publics de la Maison de Radio France : Studio Sacha Guitry et Studio Charles Trenet), même si, officiellement, la Salle Olivier Messiaen est bien le lieu majeur de la musique à Radio France, le « Studio 104 » n’est pas tout à fait mort et, dix-huit ans plus tard, j’entends couramment sur les antennes - mais oui, sur les antennes de Radio France - l’annonce d’une manifestation au « Studio 104 », sinon, plus cavalièrement, au « 104 ».

Pauvre Studio 104, pauvre Salle Olivier Messiaen qui sera prochainement désertée après un petit demi-siècle de bons et loyaux services. Il est vrai que sa décoration méritait d’être rafraîchie, et les projets en ce sens ne manquèrent pas. Mais son acoustique était plus que convenable et le rapport scène-salle tout fait excellent. Nous sommes à l’ère des grands travaux tous azimuts, et l’actuel chantier de la Maison de Radio France (on dit encore « Maison de la Radio », très identifiable pour les chauffeurs de taxis, mais c’est fautif) se devait d’aboutir à l’inauguration d’un nouveau grand lieu public - surdimensionné ? c’est l’avenir qui nous le dira – pour lequel on a dû changer le « Studio 104 » d’affectation et faire disparaître le 103, le plus convivial des lieux publics de la Maison. Dommage. Question : quel nom attribuera-t-on à la nouvelle salle ? Et combien de temps mettra-t-on pour l’imposer ?

Respect pour un grand-père !
Même sujet, si j’ose dire. J’ignorais que l’on avait donné le nom de Darius Milhaud à un lycée de la banlieue parisienne… Et je lis dans mon journal favori : « Un élève de 18 ans meurt poignardé dans un couloir du lycée Darius-Milhaud du Kremlin-Bicêtre ». Darius Milhaud était l’un des hommes les plus pacifiques que j’aie connus… Même pour parler de sa détestation de l’univers wagnérien, il gardait son calme. Un jour, je voulus lui faire plaisir et, en pèlerinage au festival de Bayreuth à l’occasion d’une nouvelle production, très iconoclaste, de Wieland Wagner, je griffonnai quelques lignes à son intention : « Réjouissez-vous ! Même le petit-fils coupe dans l’oeuvre de son grand-père ! » Il me répondit (voir ci-dessous la carte postée à Oakland, le 17 septembre 1962)…   

darius

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Commentaires
U
Bonjour, <br /> Etant un élève de Daniel-Lesur et de Pierre Wissmer, et professeur au conservatoire,lorsqu'on nous a demandé de donner un nom à nos salles, j'ai choisi Pierre Wissmer qui venait de décédé, Daniel-Lesur était encore vivant à l'époque, ma collègue prof d'harmonie a pris Olivier Messiaen, ayant été son élève. C'est vrai que les habitudes sont difficiles à changer car même longtemps après nous entendions toujours appelée les salles par le nom du cours enseigné et non par salle Messiaen, ou salle Wissmer. Voilà le souvenir que m'inspire cet article. Et merci pour ces anecdotes.<br /> Pierre UGA compositeur
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