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Le regard de Claude Samuel
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Le regard de Claude Samuel
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1 février 2010

1er février 2010

Jeu de miroirs au Rond-Point
Les décennies se succèdent et, comme en témoignent ses Tourbillons présentés jusqu’au 27 février au Théâtre du Rond-Point, Georges Aperghis reste fidèle à cette forme singulière qui, en marge de l’opéra traditionnel, passe du verbe à la musique, de la musique au geste ; à la belle époque du « théâtre musical », il fut l’un des héros du Festival d’Avignon où son Histoire de loups fit date en 1976. Les spectacles s’enchaînèrent et, d’une certaine façon devinrent une signature. Est-ce de l’opéra ? Question superflue/saugrenue. Aperghis s’inscrivit dès le départ dans la famille Ligeti (Aventures et Nouvelles Aventures)-Kagel où sont bannies la cohérence d’un récit et la conduite traditionnelle du beau chant. Il est le virtuose de la miniature, de l’allusion, de l’ironie ; et quand, il y vingt-cinq ans, il tâta du grand opéra, politique de surcroît, avec L’Echarpe rouge à l’Opéra de Lyon, ce ne fut pas vraiment un succès. Mais Tourbillons, pièce pour voix seule sur un texte d’Olivier Cadiot, est une parfaite réussite. Rien n’est explicité, les phonèmes tiennent lieu de conduite de voix, et c’est pourtant, sur le mode ludique, une (petite) heure dans la vie d’une chanteuse qui y est révélée. Chanteuse et comédienne, Donatienne Michel-Dansac, qui connaît son Aperghis sur le bout de la langue, y est magnifique dans le naturel et la virtuosité. Avec jeu de miroirs obligé, elle rayonne sur le petit plateau de la salle Roland Topor. A propos, Roland Topor, ce perturbateur patenté que j’avais jadis associé à l’« Opéra autrement », au Palais des Papes d’Avignon, aurait adoré...

donatienne
Donatienne Michel-Dansac, invitée du Centre Acanthes 2009






La modestie
Concours, en bref : il n’est pas de semaine où, consultant quelque biographie d’artistes, je ne remarque une ambiguïté dans l’intitulé des récompenses obtenues. La formule courante, c’est « lauréat » de tel Concours, devenant parfois sous la plume d’un journaliste bien intentionné « a remporté le concours de… » ; en ce qui concerne les Concours internationaux de la Ville de Paris, je lis fréquemment « demi-finaliste », alors que l’organisation de nos compétitions n’a pas prévu de demi-finale, mais c’est sans doute plus gratifiant que d’indiquer « admis à la deuxième épreuve ». Et puis, il y a parfois, très rarement je dois dire, un oiseau rare, un super-modeste, tel l’Italien Enrico Dindo qui, dans la brochure de l’Académie Tibor Varga de Sion où il enseigne, annonce simplement « lauréat du Concours Rostropovitch à Paris », alors qu’il obtint le Grand Prix de la Ville de Paris en 1997. Il fut l’aîné de nos Grands Prix et, quasiment à la limite d’âge, nous avions failli ne pas retenir sa candidature lorsque nous avons pris connaissance de deux lettres de recommandation signées Carlo Maria Giulini et Riccardo Muti ! Il officiait alors dans l’Orchestre de Scala, où les deux célèbres maestros l’avaient repéré, et l’avaient donc encouragé à tenter sa chance du côté de Rostropovitch. Il fait aujourd’hui, mais toujours modeste, un vrai parcours de soliste international… 

L’âme de l’exécutant
Année Chopin, réflexion d’époque : « Il existe en toute musique, outre la pensée du compositeur, l’âme de l’exécutant, qui, par un privilège acquis seulement à cet art, peut donner du sens et de la poésie à des phrases sans grande valeur. Chopin prouve aujourd’hui pour l’ingrat piano la vérité de ce fait déjà démontrée par Paganini pour le violon. Ce beau génie est moins un musicien qu’une âme qui se rend sensible et qui se communiquerait par toute espèce de musique, même par de simples accords » A lire ou à relire : Ursule Mirouët d’Honoré de Balzac.         

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Commentaires
G
Merci cher Claude Samuel de cette citation d'Honoré de Balzac. Ursule Mirouet est un roman peu connu de notre Beethoven de la littérature, remarquable cependant, tout autant que Béatrix où figurent de magnifiques pages sur la musique.
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