Concours Rostropovitch - commentaires
Nombreux commentaires après l’ouverture de ce blog - commentaires concernant le Concours Rostropovitch, et les compétitions musicales en général. On se pose, en effet, toujours beaucoup de questions sur la meilleure façon de départager des candidats de talent, de réunir le jury le plus compétent, le plus juste possible. De la part de ceux qui en ont fait l’expérience, je retiens la confirmation que se perdre dans l’échange d’opinions contradictoires avant de passer au vote, n’est pas vraiment une bonne idée.
Enfin, un commentaire – anonyme – franchement désagréable, auquel je m’empresse de répondre. Pourquoi Franz Helmerson et Philippe Muller ont pu voter pour leurs propres élèves ? Je le répète : si l’on ne fait pas confiance aux membres du jury que l’on choisit, mieux vaut se consacrer à une autre activité. La suspicion permanente ne peut être une règle de conduite ! Tout le monde sait que Mlle Seung-Min-Kang était la favorite d’Alain Meunier, ajoute mon correspondant, tellement informé que je le soupçonne de traquer les bruits de couloir. Et pourquoi n’avoir pas annoncé que Krysztof Penderecki, le président du jury, n’a pas assisté au concours ? Tout simplement parce qu’en dirigeant un concert à Prague, un malaise l’a contraint à rentrer précipitamment à Cracovie, à la veille de son départ pour Paris. Trop tard pour que la presse relaie l’information. Cela dit, Alain Meunier a vice-présidé le jury avec beaucoup de talent.
A ce propos, le changement de programme pour problèmes de santé est un grand classique dans la vie musicale. Avez-vous remarqué que Mikhail Rudy, annoncé pour la soirée d’hommage à Rostropovitch du 6 novembre n’était pas là ? Une tendinite nous a privés de sa présence. Avez-vous noté que Jean Deroyer, jeune chef très talentueux, a dû renoncer au dernier moment à diriger la finale du Concours à la tête de l’Orchestre de Paris ? Mais il a été magnifiquement remplacé au pied levé par Philippe Aiche, premier violon solo de cette prestigieuse formation. La série noire, en effet.
La maladie des uns peut-elle faire la carrière des autres? Charles Munch, violon solo à l’Orchestre municipal de Strasbourg (sa ville natale) frôlait déjà la quarantaine lorsqu’il dut remplacer au dernier moment un chef défaillant. On sait la carrière qu’il fit ensuite… Mais tout cela ne se passe pas sans angoisse et, de la part des organisateurs, suppose des nerfs solides. Je me souviens d’un éminent directeur d’opéras qui, avant le nomination de Stéphane Lissner, avait été sollicité pour prendre la direction de la Scala de Milan, et avait refusé cet honneur. Mais pourquoi, lui ai-je demandé ? Parce que, pendant des années, je me suis réveillé chaque matin en me demandant quelle chanteuse allait tomber malade dans la journée. Aujourd’hui, toujours très actif, il se réveille dans la sérénité….
Enfin, dernier commentaire (personnel) concernant le Concours. Dans la tourmente de polémiques financières, il a bénéficié d’une couverture médiatique sans précédent, ce qui n’était certes pas l’objectif recherché. Mais, dans la grande presse, pas le moindre jugement-critique sur le jeu des candidats, leurs qualités ou leurs faiblesses… Je reviendrai bientôt sur le sujet : où est donc passée la critique musicale d’antan ?
Mon correspondant anonyme déjà cité me demande pourquoi Sietse-Jan Weijenberg, titulaire du 4ème Prix, n’a pas participé au concert des lauréats. Réponse : simplement pour respecter les impératifs horaires de la manifestation. Et j’ajouterai : même constatation pour l’ensemble des concours que nous organisons. Mais pour consoler mon correspondant anonyme, j’ai le plaisir de lui offrir la photo de cet excellent lauréat. Et pourquoi pas la tête des autres ? Chut ! Ne me le demandez pas !