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Le regard de Claude Samuel
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Le regard de Claude Samuel
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9 décembre 2009

Pour le premier numéro de ce blog, consacré à

Pour le premier numéro de ce blog, consacré à l’actualité culturelle (et à quelques souvenirs personnels), que je m’efforcerai d’écrire régulièrement, comment échapper à quelques commentaires sur le 9ème Concours Rostropovitch qui s’est achevé le 7 novembre dernier (remise des récompenses et concert des lauréats le lendemain) ?

 

Première remarque : deux ans et demi après la mort de Rostropovitch, trente-deux ans après sa création, le Concours reste, aux yeux des jeunes violoncellistes du monde entier, le passage obligé pour entrer dans la carrière. Le niveau des candidats vient d’en apporter une nouvelle preuve : ils sont magnifiques, ces jeunes, et même très jeunes musiciens qui mobilisent toute leur énergie pour affronter des épreuves redoutables devant un jury plutôt intimidant… La comparaison avec les jeunes sportifs engagés dans les Jeux Olympiques n’est pas abusive : pour les uns comme pour les autres, il s’agit de combiner la résistance physique et la réflexion, l’expérience déjà acquise, une formidable énergie et, j’ajouterai, la conviction que l’on peut gagner. Les uns et les autres ont leurs bons jours, et des heures sombres. Il existe pourtant une différence de taille entre le violoncelliste qui se présente au Concours et le sportif qui court le cent mètres. Le premier est jugé par des hommes et des femmes, le second par un chronomètre.

 

Polémiques sans fin : comment s’assurer de l’impartialité d’un jury ? Il n’y a pas de recette-miracle : réunir des personnalités de haute compétence et de grande expérience, certes. Constituer un jury assez large (sept membres, c’est un peu juste, neuf membres déjà mieux, mieux encore avec onze ou treize personnes – nombre impair de rigueur pour éviter les ex-aequo). Plus le nombre des jurés est élevé, mieux on évite les gestes d’humeur individuels. Mais quand on choisit de grands artistes, on doit impérativement être persuadé de leur honnêteté ; c’est la raison pour laquelle je suis complètement opposé à certains règlements qui interdisent à un juré de voter pour l’un de ses élèves. Avec le système si répandu des master-classes, la plupart des candidats ont déjà « rendu visite » à l’un des jurés et, plus généralement, à plusieurs d’entre eux.

 

Je me souviens d’un concours de piano au Japon qui m’avait invité dans le jury. Avant le dernier vote, on nous a rappelé qu’on ne pouvait pas voter pour l’un de ses élèves. J’ai alors fait remarquer que, n’étant pas pianiste, j’étais le seul à n’avoir pas d’élève parmi les candidats…

 

Enfin, une règle d’or : éviter autant que possible les prises de parole avant le premier vote. Les jurés éloquents font pression, qu’ils le veuillent ou non, sur les hésitants. J’ai, là aussi, quelques souvenirs personnels, et le risque est particulièrement évident quand le concours porte le nom de l’artiste qui a créé le Concours et en préside le jury ; jadis, lorsqu’au Concours Olivier Messiaen l’auteur de la Turangalîla-Symphonie déclarait au début de la délibération : « Voilà le meilleur », et qu’Yvonne Loriod opinait, il était difficile pour les autres membres de ce jury de défendre un choix différent. Je dois dire tout de même que Messiaen ne s’est pas trompé, ni au premier concours (1967) où Michel Béroff (17 ans) fut choisi, ni pour le dernier concours (1973) auquel il a participé, dont Pierre-Laurent Aimard (15 ans et demi) fut le vainqueur indiscutable, comme l’avenir l’a magistralement confirmé…

RO_1977

C’est en juillet 1977, à La Rochelle, à l’occasion du premier Concours Rostropovitch, que je pris cette photo. Aux côtés de Slava, une amie russe (non identifiée).

 

jury_2005

2005 - Rostropovitch et le jury du huitième Concours


Prochain Concours Rostropovitch dans quatre ans, si comme je l'espère, nos  différentes tutelles nous accompagnent avec des espèces sonnantes et trébuchantes, mais ceci est une autre histoire. 

 

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Commentaires
T
Cher mr Samuel . Merci pour votre article sur j Haydn paru dans le diapason de novembre 2014. Je me permets de corriger une coquille: le baryton pour lequel haydn composa n'était pas un instrument à vent mais une sorte de viole de gambe (même accord) muni de cordes sympathiques. p Pierlot entre autre, a enregistré cette belle musique. Bien à vous Thierry Pepersack
O
Cher Claude, le livre le plus fouillé sur Furtwängler et le troisième Reich reste "Kraftprobe. Wilhelm Furtwängler und das Dritte Reich" par Fred K. Prieberg qui a également publié une étude magistrale jamais traduite en français "Musik im NS-Staat".<br /> A propos, êtes-vous au courant de l'affaire Eggebrecht qui, à côté de Monsieur Carl Dahlhaus, était le plus célèbre musicologue allemand, mort il y a quelques années, grand spécialiste de Mahler, professeur à la Musikhochschule de Fribourg-en-Brisgau (à côté de gens comme Brian Ferneyhough et Klaus Huber) et dont un historien allemand vient de découvrir qu'il appartenait à une division de la fameuse Feldgendarmerie et qu'il a activement participé à des massacres de juifs en Crimée !
S
Monsieur Samuel,<br /> malgré toutes les critiques,pas toutes infondées, il y a eu de la vraie, bonne et grande musique dans l'édition 2009 et ceci dès le premier tour. Pour ma part j'ai découvert la musique d'Hindemith sous les doigts particulièrement inspirés du candidat Kazakh (pourtant non retenu pour la suite du concours) et ça a été un véritable choc pour de nombreuses personnes dans la salle. Depuis j'ai écouté de nombreux enregistrements de la musique de ce compositeur (je recommande d'ailleurs particulièrement l'enregistrement de la sonate pour violoncelle et piano par Alain Meunier, une autre découverte). Vive le concours Rostro, donc, et souhaitons qu'il puisse nous passionner encore dans le futur! Pourquoi pas une retransmission radiodiffusée des grands moments tels que celui que j'ai vécu en direct?
L
Mon cher Claude, Votre temoignage est émouvant car il me fait me souvenir des années joyeuses de "lamusique contemporaine". Et je me sens inspiré par votre message à moi adressé n'est-ce pas?? le premier en quarante ans!<br /> Michaêl levinas
V
pourquoi nous avons pas entendu a la radio l'epreuve finale avec le concerto de Dvorak joue par Dai M., ni l'epreuve avec piano joue par Siets Jan Weijenberg
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