Pour le premier numéro de ce blog, consacré à
Pour le premier numéro de ce blog, consacré à l’actualité culturelle (et à quelques souvenirs personnels), que je m’efforcerai d’écrire régulièrement, comment échapper à quelques commentaires sur le 9ème Concours Rostropovitch qui s’est achevé le 7 novembre dernier (remise des récompenses et concert des lauréats le lendemain) ?
Première remarque : deux ans et demi après la mort de Rostropovitch, trente-deux ans après sa création, le Concours reste, aux yeux des jeunes violoncellistes du monde entier, le passage obligé pour entrer dans la carrière. Le niveau des candidats vient d’en apporter une nouvelle preuve : ils sont magnifiques, ces jeunes, et même très jeunes musiciens qui mobilisent toute leur énergie pour affronter des épreuves redoutables devant un jury plutôt intimidant… La comparaison avec les jeunes sportifs engagés dans les Jeux Olympiques n’est pas abusive : pour les uns comme pour les autres, il s’agit de combiner la résistance physique et la réflexion, l’expérience déjà acquise, une formidable énergie et, j’ajouterai, la conviction que l’on peut gagner. Les uns et les autres ont leurs bons jours, et des heures sombres. Il existe pourtant une différence de taille entre le violoncelliste qui se présente au Concours et le sportif qui court le cent mètres. Le premier est jugé par des hommes et des femmes, le second par un chronomètre.
Polémiques sans fin : comment s’assurer de l’impartialité d’un jury ? Il n’y a pas de recette-miracle : réunir des personnalités de haute compétence et de grande expérience, certes. Constituer un jury assez large (sept membres, c’est un peu juste, neuf membres déjà mieux, mieux encore avec onze ou treize personnes – nombre impair de rigueur pour éviter les ex-aequo). Plus le nombre des jurés est élevé, mieux on évite les gestes d’humeur individuels. Mais quand on choisit de grands artistes, on doit impérativement être persuadé de leur honnêteté ; c’est la raison pour laquelle je suis complètement opposé à certains règlements qui interdisent à un juré de voter pour l’un de ses élèves. Avec le système si répandu des master-classes, la plupart des candidats ont déjà « rendu visite » à l’un des jurés et, plus généralement, à plusieurs d’entre eux.
Je me souviens d’un concours de piano au Japon qui m’avait invité dans le jury. Avant le dernier vote, on nous a rappelé qu’on ne pouvait pas voter pour l’un de ses élèves. J’ai alors fait remarquer que, n’étant pas pianiste, j’étais le seul à n’avoir pas d’élève parmi les candidats…
Enfin, une règle d’or : éviter autant que possible les prises de parole avant le premier vote. Les jurés éloquents font pression, qu’ils le veuillent ou non, sur les hésitants. J’ai, là aussi, quelques souvenirs personnels, et le risque est particulièrement évident quand le concours porte le nom de l’artiste qui a créé le Concours et en préside le jury ; jadis, lorsqu’au Concours Olivier Messiaen l’auteur de la Turangalîla-Symphonie déclarait au début de la délibération : « Voilà le meilleur », et qu’Yvonne Loriod opinait, il était difficile pour les autres membres de ce jury de défendre un choix différent. Je dois dire tout de même que Messiaen ne s’est pas trompé, ni au premier concours (1967) où Michel Béroff (17 ans) fut choisi, ni pour le dernier concours (1973) auquel il a participé, dont Pierre-Laurent Aimard (15 ans et demi) fut le vainqueur indiscutable, comme l’avenir l’a magistralement confirmé…
C’est en juillet 1977, à La Rochelle, à l’occasion du premier Concours Rostropovitch, que je pris cette photo. Aux côtés de Slava, une amie russe (non identifiée).
2005 - Rostropovitch et le jury du huitième Concours
Prochain Concours Rostropovitch dans quatre ans, si comme je l'espère, nos différentes tutelles nous accompagnent avec des espèces sonnantes et trébuchantes, mais ceci est une autre histoire.